La recherche de profondes évolutions

Grâce à une stratégie minutieusement pensée en préalable, l’engagement collectif et endogène que cherche à provoquer l’approche émerge toujours, quelle que soit l’échelle concernée (village, communauté, région, pays…). Qu’ils soient paysans, élu local ou leader de la société civile, les acteurs ciblés perçoivent rapidement que l’accompagnement proposé (voir Grounded Changes) reste méthodologique, sans proposer ses propres choix techniques ou de société, et qu’ils sont bien les pilotes de la démarche : dès l’amont du processus, ce sont eux qui choisissent le sujet prioritaire qu’ils vont traiter ; le jeu qui leur ait proposé ensuite est conçu de façon à ce qu’ils puissent en maîtriser et modifier tous les éléments ; enfin en aval la mise en œuvre des résolutions auxquelles ils sont parvenus est de leur seul ressort.

C’est ce qui provoque cet engagement profond de leur part, mais aussi la mobilisation, souvent bénévole, de ceux des techniciens et experts locaux qui aspirent à une plus grande reconnaissance des acteurs locaux. Ils s’investissent ainsi d’eux-mêmes pour organiser les ateliers de simulation, et pour façonner ensuite les stratégies les plus efficaces pour la mise en œuvre de leurs résolutions. Ce qui explique ces impacts à grande échelle (voir ci-dessous).

De TerriStories à Grounded Changes

Du terroir au pouvoir

Interview de E.H. Faye

Opérationnel par ses « produits dérivés »

La dynamique collective mise en route grâce aux sessions de jeu permet aux participants d’élaborer successivement les outils participatifs habituellement produits, tels que des cartes du territoire, des chartes d’usage, des plans d’occupation des sols, des programmes de développement local …et autres supports pour une gestion durable du territoire (voir ci-contre). Cependant ces produits ne constituent pas l’objectif primordial de la démarche : le but premier de tout le processus d’accompagnement n’est pas de simplement produire ce type d’outils contextuels et de court-terme, mais de réussir à installer des changements endogènes et durables, du local au global. Les outils opérationnels mais à court terme produit successivement par la démarche sont considérés comme des « produits dérivés » d’une dynamique continue et grandissante de changement, qui est, elle, primordiale.

Grounded Changes : opérationnel par ses « produits dérivés »

Directives paysannes 2015 pour la réforme foncière au Sénégal

Quinze ans après, des impacts locaux et nationaux

À travers ce processus de « self-design » puis de « self-simulation », les participants sont ainsi entraînés dans un apprentissage collectif par l’action, qui les amène à améliorer progressivement leurs propositions. Ces dernières étant de plus endogènes, elles auront donc beaucoup de chance de s’inscrire durablement dans le contexte local, et même, comme le prouve l’expérience, d’être poussées par les participants eux-mêmes jusqu’aux niveaux plus englobants. Quinze ans après, ces évolutions sont encore en place, à la fois à l’échelle locale et nationale (D’Aquino et Papazian, 2014).

En 1998, le but de la première application, au Sénégal, a été de faire durablement reconnaitre par tous la légitimité des communautés locales dans la gestion de leur territoire. Une procédure laissant les acteurs locaux définir leurs règles de gestion territoriale, appelée POAS, a été conçue avec le souci stratégique de coller parfaitement au cadre existant de décentralisation et d’éviter de trop perturber les susceptibilités institutionnelles. La méthode, qui incluait la conception endogène d’outils de gestion territoriale (SIG participatif, charte de règles d’usage, plan d’occupation des sols…) a été ensuite reproduite et diffusée directement par les acteurs locaux dans tout le pays, jusqu’à changer durablement la façon dont le Sénégal organise sa décentralisation. Quinze ans après, ces évolutions sont encore en place, à la fois à l’échelle locale et nationale.

Autre exemple : début 2014, toujours au Sénégal, l’approche Grounded Changes a été lancée au niveau national pour aider la société civile à s’impliquer fortement et efficacement dans le processus de réforme foncière en cours. La société civile a utilisé le jeu TerriStories de par le pays, dans différents contextes régionaux et à différentes échelles mais toujours avec un plateau de jeu à l’échelle du pays (de façon à focaliser les participants au niveau des enjeux de politiques publiques). Cette utilisation autonome et à grande échelle a amené à une dynamique autonome et productive au sein de la société civile qui ont abouti à une série de propositions alternatives de la part des paysans, les Directives Paysannes sur le Foncier, qui ont été partagées et débattues avec des experts, puis défendues auprès des décideurs et des autorités.

Grounded Changes : succès

Des débats de portée nationale

Pour quelles situations et enjeux ?

Toute situation où l’enjeu est de prendre en compte de façon égale les points de vue et connaissances d’une diversité d’acteurs (ex : agriculteurs et éleveurs ; usagers locaux et experts ou décideurs ; producteurs et consommateurs ; sciences biophysiques et sociales…), et de concevoir à partir de cette diversité des formes de partage et de gestion des territoires, de leurs ressources naturelles, et de ceux qu’elles procurent, tant aux échelles locales que globales.

L’approche Grounded Changes et son plus propice outil, le jeu TerriStories®, sont par exemple bien adaptés pour les enjeux :

Cela a été mis en application dans différentes parties du monde et dans une diversité de contextes culturels, que ce soit pour des questions de développement ou de recherche.

Enjeux de développement